C’est toi que je veux ! Toi seul ! – que mon cœur le répète sans cesse !
Tous les désirs, qui me distraient jour et nuit, sont faux et vides jusqu’au cœur.
Comme la nuit garde cachée dans son ombre l’exigence de la lumière,
ainsi de même, dans le fond de mon inconscience retentit le cri :
C’est toi que je veux, toi seul !
Tagore L’offrande lyrique XXXVIII
Mon Dieu, présent sans cesse à mon âme,
je ne veux rien voir, ni rien aimer que Toi !
Début juin 1964, je rentre en France et je l’annonce à mes parents.
Le 6 août, j’assiste à la prise d’habit de sœur Laurentia,
et le 30 septembre, je rentre au monastère où le noviciat était bien vivant.
Un an après mon entrée,
quelque chose a tressailli en mon coeur : AIMEE !
Ne crains pas, tu es à Moi. Is 43,
je t’ai gravée
sur la paume de mes mains. Is 49,10
Ivre de cette joie de chanter,
je m’oublie moi-même
et je t’appelle ami,
Toi qui es mon Seigneur.
Tagore L’offrande lyrique II
J’étais aimée du Seigneur.
Il fallait qu’Il grandisse en moi,
comme si, moi aussi, je devais le METTRE au MONDE.
Là, je vibre aussi très fort à la Parole de Jésus
« Quiconque fait la volonté de mon Père,
celui-là est mon frère, ma sœur et ma MERE. »
Mt 12,50
Je communie tout à fait aux intuitions des Pères de l’Eglise comme
Origène « Le Verbe de Dieu naît aussi en toi si tu en es digne »
St Grégoire de Nysse « Jésus naît encore en chacun de nous »
St Ambroise « Toute âme qui croit, conçoit et engendre la Parole de Dieu »
St Augustin « Si vous gardez le souvenir de sa Parole, vous aussi vous êtes ses mères »
et jusqu’à …Etty Hillesum.
La femme que j’étais, était faite pour être mère,
La femme que je suis, est faite pour être mère
Sinon dans mon corps, du moins dans mon âme.
Je communie à la maternité de l’Eglise,
comme Marie, la Mère de Jésus,
au pied de la croix, l’attente du St Esprit ou les débuts de l’Eglise.
Et c’est là que se place tout un travail de conversion, d’ascèse, de pénitence… qui peut être rude ! La Croix du Seigneur ! On ne ressuscite pas sans mourir
« Jésus, Fils du Dieu vivant, aie pitié de moi pécheur ! »
J’ai laissé mes yeux longtemps s’égarer au loin,
avant de les fermer et de dire : Tu es ici !
Tagore L’offrande lyrique XII
C’est aussi le mystère de la Communion des saints.
Quand j’ écoute la Parole de Dieu,
quand je préfère Sa Volonté à la mienne,
quand je sers mes sœurs, je ressemble un peu à Jésus,
j’engendre des frères… quelque part dans le monde.
Est-ce pour cela peut-être que je vibre tant à des récits de conversion ?
Et comme la bienheureuse Elisabeth de la Trinité, je supplie le Seigneur :
Ô mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement, pour m’établir en vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l’éternité
Et le quotidien est fait de services humbles, charitables, fidèles…
Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites.
Je ne voulais pas être « bonne sœur », mais suis-je devenue une sœur bonne, comme je le demande si souvent au Seigneur ?
Voici l’heure de la quiétude et de chanter,
face à face avec Toi, la consécration de ma vie,
dans le silence de ce surabondant loisir.
Tagore L’offrande lyrique V
Sœur Stéphanie Monastère de l'Annonciation à Prailles (79)